Discours
d’Henri-Jacques Citroën
(19 octobre 2019)
Je
remercie Denis Baeza de m’avoir invité, secrètement, à votre réunion annuelle qui
me permet de faire connaissance avec la force de vente de Citroën en France.
Vous êtes la force de frappe de cette société centenaire et c’est un plaisir de
vous rencontrer ! Mon grand-père aurait adoré vous voir, vous qui êtes si
bien implantés partout dans notre pays, brandissant haut et fort l’étendard de
la société qu’il a créée en 1919.
Grâce
à votre action, je vois des voitures Citroën partout. Il m’est ainsi impossible
d’oublier mon nom quand je marche dans la rue ou que je circule sur les routes !
Vous
vendez les voitures qui, dans 30 ans, seront des voitures de collection, qui
viendront s’ajouter aux voitures mythiques, la Traction Avant, l’autochenille,
la 2CV, la DS, la Méhari, la SM, la CX, la C6 et tous les autres modèles que
les collectionneurs du monde entier rénovent et maintiennent avec une grande
patience et un grand savoir-faire, conduisent avec plaisir et présentent avec
fierté lors des multiples rassemblements organisés par les passionnés.
Citroën
se distingue comme la société qui a le plus de voitures mythiques, des
véhicules qui ont marqué leur époque. J’en ai parlé souvent à mon ami Pierre
Leclercq, son directeur du Design, qui a la responsabilité, avec son équipe,
d’imaginer les futurs véhicules qui, j’en suis convaincu, sortiront de
l’ordinaire, dont les formes et le confort les distingueront nettement de
celles des concurrents. Il sait que le défi est grand.
Vous
faites la promotion d’une marque qui dégage beaucoup de sympathie et qui est
connue même dans les pays où aucun véhicule Citroën n’y circule. Elle génère de
l’émotion et une fidélité, parfois de père en fils, ou de mère en fille, chez
tous les citroënnistes de notre planète. C’est la marque la plus
collectionnée : plus de 1000 clubs qui réunissent environ 70.000 collectionneurs !
Ces
clubs ont été les grands animateurs des innombrables célébrations du Centenaire
qui ont marqué les esprits lors de cette année 2019. Le paroxysme a été atteint
avec le Rassemblement du Siècle à La Ferté-Vidame, une grand-messe historique,
une communion qui a rassemblé 60.000 personnes et 4400 voitures de collection. Le
« Woodstock » de Citroën ! Ce fut le plus vaste rassemblement de
passionnés d’une marque, jamais vu dans le monde, ce fut le plus grand musée
automobile à ciel ouvert de l’Histoire, certes éphémère mais bien réel.
Pour
reprendre les termes de la journaliste du quotidien Le Monde, Guillemette Faure,
qui m’a interviewé sur place, « en France, il n’y a que 2 personnes qui
déclenchent une telle ferveur et un tel enthousiasme de la part d’autant de
gens de toutes origines : Johnny Hallyday et … André Citroën ».
Lors
de ces 3 jours inoubliables de juillet, j’ai vécu des moments de grande
émotion :
D’abord
les centaines de rencontres avec les passionnés qui ont tous des belles
histoires à raconter et qui m’ont demandé des autographes et des photos à
l’envi. Puis la rencontre avec 3 chinois qui me saluent et me disent :
« Pour nous c’est un grand honneur de vous serrer la main ! Nous ne
pensions pas que cela allait nous arriver un jour ! Nous tenons à vous
dire que nous sommes venus de Hong-Kong spécialement pour cet événement et que
nous sommes passés, au préalable, au cimetière du Montparnasse pour nous
recueillir devant la tombe de votre grand-père ! »
Autre
moment fort : un grand collectionneur qui possède une quarantaine de
voitures anciennes Citroën me raconte qu’il a une « Type A » qui
n’est pas encore remise en état mais qu’il va la voir fréquemment dans son garage :
en effet, comme c’est une de première voiture produite dans l’usine de Javel,
il est certain qu’André Citroën, lors de ses inspections quotidiennes des
lignes de montage, a porté ses yeux sur elle, est passée à côté d’elle, et cela
l’impressionne …
Autre
moment notable : dans le Pavillon Citroën de La Ferté Vidame, les
dirigeants de la Marque recevaient les journalistes autour de tables placées à
cet effet. L’un de ces dirigeants est interviewé par une dizaine de
journalistes chinois et, me voyant déambuler dans les parages, leur signale qui
je suis : les chinois se lèvent comme un seul homme, m’applaudissent à
tout rompre, m’invitent à une séance de photos sous tous les angles, 1 par 1, 2
par 2, 4 par 4, tous ensemble. Le directeur de Citroën me laisse sa place et je
leur raconte des histoires sur la vie et l’œuvre d’André Citroën. Quelques
jours plus tard, super couverture dans les médias chinois de mon discours de La
Ferté-Vidame !
Au
cours des derniers mois, les célébrations se sont succédées dans les régions
françaises et partout dans le monde. J’ai participé à plusieurs d’entre elles
en France mais aussi en Belgique et en Allemagne. Il y a quelques jours, pour
celle d’Uruguay, j’ai envoyé une vidéo de salutation qui a été rapportée dans
les médias locaux. Le weekend dernier, ce fut le tour de l’Argentine. Le 27
octobre, ce sera la Chine. Début novembre, ce sera le Chili à qui j’ai
également transmis une vidéo de salutation.
André
Citroën est incontestablement devenu une icône et c’est un atout pour la marque
d’avoir un fondateur dont l’image charismatique de meneur d’hommes, de grand
industriel, de visionnaire, toujours à la recherche du progrès technique, inventeur
du marketing moderne, perdure. Ajoutons qu’il a été le créateur du service
après-vente moderne : à ce sujet, j’ai en mémoire une réunion dans le
bureau de Philippe Varin quand il était le président de PSA : il va
chercher dans un placard un livre et me le tend en disant : « Regarde,
c’est le manuel des concessionnaires de 1932, il est applicable à la lettre
aujourd’hui ! »
Citroën
est une marque qui a une histoire, longue et intense, que beaucoup de grandes
entreprises rêveraient d’avoir.
Je
ne vais pas vous raconter l’histoire d’André Citroën, vous la connaissez, mais
je vais, néanmoins, mentionner un événement marquant qui se déroule pendant la
1ère Guerre mondiale. Celle-ci commence et Bernard Citroën, son cher
frère, meurt dans les tranchées. Un drame pour André, qui, combattant sur le
front, se sent exaspéré par le déséquilibre : les allemands envoient beaucoup
plus d’obus sur les lignes françaises que le contraire. Sans hésiter, il
demande une permission à son supérieur pour aller proposer au gouvernement la construction
immédiate d’une usine pour produire autant d’obus que l’ennemi. Feu vert du
ministre de la Guerre. En 4 mois, sur des terrains inoccupés de Javel, cette
usine est construite. Une réactivité à toute épreuve.
Dans
l’adversité, il a su être réactif et créatif, et c’est une leçon pour tous.
Mon
grand-père a toujours montré une grande résilience, de l’optimisme invétéré et
une confiance dans l’avenir. Il s’est fait remarquer par une grande maitrise des
relations publiques. Sans oublier un grand sens de l’humour qui lui faisait
admirer les chansonniers qui ne cessaient de le brocarder. Un jour, il invita
les 12 chansonniers les plus connus et organisa un concours qu’il définit dans
ces termes :
Lelièvre, Mauricet,
Baltha, Rip et Dorin
Vous m’avez maltraité de
quatrain en quatrain
Grâce à moi, chaque soir,
vous cueillez des bravos
Au meilleur d’entre vous
j’offre une Cinq-Chevaux
Quatrain
d’ANDRE BARDE
Les Citrons sont les plus
rapides
Et c’est forcé
En raison du dicton
limpide :
Citron pressé
Quatrain
de RENE DORIN
J’ai médit de vous
Citroën
Mon intention était pure
Je voulais gagner de
l’argent
Pour vous acheter ma
voiture
Et
le vainqueur, qui gagna la voiture, fut LEO LELIEVRE, avec ce poème :
Lelièvre, mon aïeul, que
l’on blague à la ronde
Par la tortue, un jour,
fut battu de très loin
Moi, grâce à Citroën, je
gratte tout le monde
Rien ne sert de courir, il
faut un moteur au point
André
Citroën est incontestablement l’industriel le plus sympathique du 20e
siècle. Il a généré une impulsion qui a permis à la marque, après son décès en
1935, de rester créative, de créer d’autres modèles remarquables et qui
resteront dans nos esprits. Toute famille française a une histoire à raconter
sur telle ou telle Citroën que l’un ou l’autre a possédée.
En
concluant mon discours de La Ferté Vidame que j’ai eu l’honneur de prononcer
devant des milliers de passionnés, j’ai rapporté un message que m’avait
transmis un ami latinoaméricain : « Citroën, c’est la France ».
Au
cas où vous chercheriez un sujet de conversation pour votre diner de ce soir,
je vous en propose un qui m’a été soufflé par le président de l’Amicale Citroën
France : Imaginez la France sans Citroën …
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